Marjorie et Marie sont les deux co-auteures de “Good night my dear”, une murder-party écrite en 2002. Elles ont accepté de répondre pour nous à quelques questions. Notez que nous déconseillons la lecture de cette interview si vous comptez jouer “Good night my dear” car certains détails y sont révélés…
Murder2000 : Bonjour. Depuis combien de temps connaissez-vous les Murder Parties ?
Marjorie : Pour ma part, depuis septembre 2001. J’ai rencontré Romain [de MurdersOnline, NDLR] à cette date et il m’en a parlé. Quand Arnaud a fait ‘Meurtre à Paris’, il m’a proposé un rôle. J’ai accepté de suite car c’était une nouvelle expérience pour moi.
Marie : Depuis le mois de Janvier pour ma part. C’est grâce à Romain. J’ai joué ‘La mort s’habille de blanc’ comme premier scénario. Ça m’a beaucoup plu. Après j’ai joué ‘les enquètes du Professeur Wong’, le scénario d’Arnaud. Et ensuite, dans ‘l’héritage des loups’.
Murder2000 : ‘Good night my dear’ est-il votre premier scénario ?
Marjorie : Oui. Mais j’ai déjà des idées pour en écrire d’autres. Il faut juste que je les laisse un peu mûrir et que je m’y mette. En fait, c’est moi qui ait commencé à écrire ‘Good Night My Dear…’ et qui ait demandé de l’aide à Marie.
Marie : Bah ouep. [NDLR : ah ça c’est de la réponse !]
Murder2000 : Pourquoi avez-vous choisi d’écrire un scénario plutôt que d’organiser un scénario déjà disponible ?
Marjorie : Je pense que c’est simplement car aucun scénario déjà disponible ne me plaisait. En plus, en écrivant un scénario, je me suis donné le rôle que je voulais. De plus, j’ai adoré créer des personnages en fonction des personnes que je voyais pour les incarner. Je m’explique : Arnaud nous avait demandé un rôle de salaud. Nous avons donc créé le rôle de [X] en conséquence.
Marie : J’ai été attrapée par la déferlente Marjorie. Mais je me suis bien amusée. C’est moi qui ai rajouté à peu près toutes les crasses des personnages (Ex : [X] est une call-girl, elle couche avec [X]… et bien d’autres) sur la base des idées de Marjorie.
Murder2000 : Dans votre scénario, vous avez fait la part belle aux relations inter-personnages. Cela n’a-t-il pas nuit à l’enquête principale ? Quelles ont été les motivations de ce choix ?
Marjorie : En fait, nous avons surtout essayé de lier les personnages entre eux pour que cela paraisse un peu plus réaliste, pour que l’histoire se tienne. Je pense que l’enquête sur le meurtre est juste un prétexte pour découvrir le reste. Tous ces liens ne nuisaient pas à l’enquête car ils étaient nécessaires pour comprendre les subtilités du meurtre. Et puis, j’aime assez les liens compliqués.
Marie : oui, je trouve qu’il est important que les personnages soient reliés par un passé commun, qu’ils connaissent leur vie. Je trouve que cela a aidé les joueurs à entrer dans leur rôle.
Murder2000 : Quelle a été la plus grosse difficulté à surmonter lors de l’écriture-organisation de ce scénario ?
Marjorie : La plus grosse difficulté a été que nous avons du rajouter un personnage féminin en urgence. Ça a été très embêtant car nous avions l’histoire et les indices. On a dû faire une sorte de personnage factice que l’on peut enlever au besoin et qui n’a rien à se reprocher.
Il est aussi assez difficile de trouver des joueurs. Mais je pense que lorsque l’on écrit un scénario, il est plus facile de changer des détails, voire de supprimer un personnage ou de le faire en non-joueur.
Marie : pour moi, le plus dur a été de créer des indices qui aident les joueurs sans trop leur dévoiler la trame de l’histoire. Il fallait avant tout qu’ils utilisent leur imagination et leur esprit de déduction.
Murder2000 : Lors de la Murder Party, tout s’est-il passé comme prévu ? Êtes-vous satisfaites du résultat de votre travail ?
Marjorie : Tout s’est passé à peu près comme prévu sauf l’arrivée de Marie. Elle devait sortir plein de trucs (brosse à cheveux, autoradio, revolver…) de son sac à main et raconter son arrivée (elle a eu du mal à conduire tout en téléphonant et écrivant l’adresse où elle devait se rendre). Son arrivée et son rôle-playing a été interrompu par Arnaud qui, avec sa habitude policière, l’a embarquée voir le cadavre. Tant pis, mais on s’est bien amusée de toute façon. Je suis satisfaite du résultat. J’avais très peur que les joueurs n’arrivent pas à se mettre dans l’histoire ou qu’il y ait des indices qu’ils n’arrivent pas à déchiffrer !
Marie : Les joueurs nous ont félicité, ils se sont bien amusés. C’est le plus important pour moi.
Murder2000 : Préférez-vous la colle en tube ou en bâton ?
Marjorie : Euh… la colle en bâton parce que la colle en tube, ça fait des pâtés. Et puis, souvent le tube éclate sur le bureau ou dans la trousse. Ca fait dégueulasse et ça colle partout.
Marie : En bâton. Parce que c’est plus pratique. Mais en réalité, j’utilise du ruban adhésif…
Murder2000 : Maintenant que vous connaissez les trois facettes : joueur, organisateur, scénariste, que préférez-vous ? Allez-vous recommencer ?
Marjorie : J’aime beaucoup les trois facettes car elles sont très différentes l’une de l’autre. Joueur : oui, je vais recommencer (le 19, je suis Crocell) [NDLR : dans “Dieu est Mort”]. Pour le reste, je pense que c’est très lié. Je vais recommencer organisateur et scénariste. Je suis sur un scénario s’appuyant sur les Vedas. Mon futur scénario se jouera le 23 novembre et il y aura un meurtre.
Marie : Je préfère le rôle de joueur. Il suffit d’apprendre son rôle. Mais je me suis bien amusée en tant que co-scénariste et co-organisatrice. A l’occasion je recommencerais bien.
Murder2000 : En tant que femmes, quelle raison trouveriez-vous au fait que les Murder Parties sont peu connues, en particulier des femmes ?
Marjorie : Tout d’abord, beaucoup de rôles peuvent être joués aussi bien par des hommes que par des femmes (ex : Sean/Elaine Carter). De plus, certaines personnes confondent Murder-parties et profanation de cimetières. Je m’explique, quand ma mère dit à ses amies que je participe à des murders, on lui répond que c’est dangereux, que ça se passe dans des forêts… [NDLR : sniff…]
Je pense aussi qu’il est un peu plus difficile pour les femmes de se mettre à fond dans la peau d’un personnage qui peut être totalement leur opposé. Pour ma part, aucun rôle ne me dérange mais ce n’est pas le cas pour d’autres.
En plus, si les femmes jouent moins de murders que les hommes, c’est parce que vous n’êtes que des chochottes. Vous avez peur de perdre la face et de pleurer devant le soit-disant ‘sexe faible’… 😉
Marie : Les hommes s’en sont emparées et nous ont laissé de côté. Mais nous arrivons en masse. Attention nous ne ferons pas de prisonniers !!!
Murder2000 : Au sujet de “Good night my dear” : comment avez-vous construit votre scénario, à partir de quoi ?
Marjorie : Ce scénario est tiré d’une nouvelle que j’ai écrite lorsque j’étais en troisième. Je ne l’ai jamais réellement terminée. Le scénario m’a permis d’y mettre un terme. Le scénario a été construit a partir des personnages nés de mon imagination d’ado en pleine crise de recherche de soi… 😉
Marie : Le scénario a été écrit à partir d’une nouvelle écrite par Marjo. À partir de là on a halluciné.
Murder2000 : Comment avez vous fait pour donner corps aux personnages secondaires ?
Marjorie : Tous les personnages sont importants. Sans les personnages secondaires, l’histoire serait plate et sans vie. Ils ont été créés en fonction du contexte et des autres personnages. Ils sont tous complémentaires.
Marie : On a cherché à emmerder (avec un grand E) et à rendre ridicule le grand, le beau, le sexy Arnaud (mdr).
Murder2000 : Quel conseil donneriez-vous à un(e) débutant(e) qui voudrait écrire et organiser son propre scénario ?
Marjorie : De suivre son intuition et de laisser son imagination faire le reste. Peut-être aussi de le faire jouer par des personnes passionnées qui savent que c’est un premier scénario.
Marie : Il faut s’y prendre bien à l’avance, faire jouer son imagination, avertir les joueurs, pour qu’ils soient tous présents.
Murder2000 : Certains scénaristes/organisateurs tentent à tout prix de faire découvrir la totalité des indices aux joueurs. L’avez-vous fait ?
Marjorie : Je ne sais pas. De toute façon, il y avait un nombre équitable d’indices par joueur. Ensuite à eux de les échanger. Par contre, nous les avons aidé quand ils étaient vraiment paumés (ex : traduction du texte en chinois – mon indice fétiche)
Marie : Il y avait un nombre équitable d’indices par joueurs. Ils ont été aidés pour l’indice en chinois, pour le reste on les a laissé se dépatouiller tous seuls.
Murder2000 : Certains joueurs parfois ne donnent pas assez d’informations, bloquant le jeu. Aviez-vous prévu un moyen de lutter contre la rétention d’informations ?
Marjorie : On avait prévu de lui retirer ses indices et de ne pas lui en donner d’autres. Heureusement, cela ne s’est produit. Nos joueurs étaient formidables…
Marie : On savait quels indices détenaient chaque joueurs. Ils étaient à notre merci. Ils ne pouvaient nous échapper, ils risquaient d’être éliminés (vous êtes le maillon faible …. au revoir). Marjo voulait qu’on les viole, qu’on les batte, qu’on les martyrise. Mais je pensais qu’ils apprécieraient trop. Et je ne me sentais pas d’attaque.
Murder2000 : Marjorie, Marie, merci à vous deux.