Les champignons mortels
Lors de votre prochaine Murder Party, à défaut d’empoisonner vos victimes avec de l’arsenic ou du curare, un peu difficiles à trouver, vous pouvez plus simplement choisir de leur offrir un plat de champignons longuement mijotés. Si beaucoup de champignons sont vénéneux et peuvent vous rendre malade, peu sont réellement mortels. Voici la liste de ces derniers :
Les Amanites
Ce groupe de champignons à lamelles est facilement identifiable par les amateurs. Il renferme en effet à lui seul trois espèces mortelles : l’Amanite phalloïde (Amanita phalloides), l’Amanite vireuse (Amanita virosa) et l’Amanite printanière (Amanita verra).
Chaque année, on recense un certain nombre de cas d’intoxications graves volontaires ou involontaires. La reconnaissance de ces champignons porte sur quelques caractères spécifiques :
- chapeau et pied séparables, autrement dit lames libres
- lames blanches
- anneau autour du pied
- volve à la base du pied ( il faut par conséquent bien déterrer les champignons pour observer ce dernier caractère).
Intoxication phalloïdienne
Largement décrite dans tous les livres de médecine, celle-ci se déroule en quatre phases:
- Pendant 6 à 24 heures (12 en moyenne), la victime ne ressent aucune douleur : c’est le classique « syndrome tardif », la phase la plus tragique.
- Surviennent ensuite une forte gastro-entérite, des nausées, des vomissements et une intense sudation. C’est la phase de la déshydratation.
- Quelque 36 à 72 heures après la consommation, survient l’hépatite toxique.
- Trois à cinq jours plus tard, l’intoxication évolue très rapidement jusqu’au terme final (destruction du foie). La seule manière de sauver la victime est souvent la greffe de foie (difficile et risquée). La mort survient donc lentement et dans de terribles souffrances…
N.B. (pour les curieux) : l’ amanite phalloïde renferme trois types de toxines : la phalline ou phallolysine, détruite généralement à une température de 70°C, donc pendant la cuisson ; les amatoxines et les phallotoxines qui se fixent très vite après la consommation sur le foie, provoquant une dégénérescence avec nécrose hémorragique. Ces lésions sont visibles au microscope électronique à transmission, vingt minutes après l’ingestion. En outre, ces toxines déséquilibrent la perméabilité membranaire, favorisant la fuite du potassium et provoquant une forte déshydratation.
Le cortinaire doré
Cette espèce très colorée pousse en automne dans les forêts de feuillus, en terrain aussi bien calcaire que siliceux. Largement répartie du nord au sud de l’Europe, elle reste cependant assez peu commune. L’intoxication qu’il provoque est proche de celle produite par l’Amanite phalloïde. Les symptômes arrivent tardivement, jusqu’à trois jours et plus après sa consommation. Il est alors souvent trop tard pour appliquer un traitement approprié, et la mort survient après plusieurs semaines de souffrances par dégénérescence du tissu hépatique et lésions rénales.
Lépiote brunâtre
La Lépiote brunâtre affectionne tout particulièrement les jardins, les pelouses, les bords des talus humides et herbeux, où elle pousse en petites troupes. On la trouve en abondance dans les régions du sud-est de la France, les Alpes et le Jura. C’est une espèce dangereuse, comme d’ailleurs la plupart des petites Lépiotes. Les intoxications qu’elle provoque sont du type para-phalloïdien avec manifestations tardives des troubles gastro-intestinaux et crampes douloureuses. Elle provoque moins souvent la mort que les amanites.
Bonne Murder Party, et méfiez-vous la prochaine fois qu’un ami bien intentionné voudra vous servir des champignons cueillis pas ses soins…
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Remerciements
Les photos de champignons ont été gracieusement autorisées par Alain Tachenon du site alain.tachenon.free.fr et Patrick de e-champignons.com, et nous vous invitons à visiter leurs sites qui sont d’excellentes sources d’informations et de mines de photos superbes. Remercions aussi Georges Laroche qui nous a également accordé son autorisation pour les photos de son site www.fleurs-des-champs.com