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Alexis Barquin : société Sherlock Holmes de France

Alexis BARQUIN est webmaster, secrétaire et co-fondateur de la Société Sherlock Holmes de France. Spécialiste de ce célèbre héros, il a accepté de répondre à quelques questions.

Murder2000 : Tout d’abord, parlez nous un peu de la SSHF : quels sont ses buts, ses membres…

A.B.: Des milliers de personnes dans le monde se passionnent pour Sherlock Holmes depuis plus d’un siècle. Cet intérêt a donné naissance à des sociétés holmésiennes dès 1934. Aujourd’hui, on en compte plus de 500 sur les cinq continents.

En France, les holmésiens se sont regroupés, depuis 1993, au sein de la Société Sherlock Holmes de France (quincaillerie Franco-Midland). Le premier objet de notre association, à but non lucratif (loi 1901), est de rassembler en France, dans tous les autres pays francophones, à San Remo en Italie, à Bruxelles en Belgique et à Birmingham en Angleterre, toutes les personnes qui s’intéressent à Sherlock Holmes.

Le second objet de l’association est de mettre en évidence tous les liens qui unissent Sherlock Holmes à la France. Depuis sa création, l’assemblée quincaillière s’est composée aussi bien d’universitaires, d’avocats, de journalistes enquêteurs, de chercheurs du CNRS, d’écrivains, de policiers que d’étudiants, de brodeuses, de violonistes, de photographes, de cuisiniers, etc. Ses activités sont à la fois conviviales et éditoriales. Ses membres y trouvent les moyens de partager leur passion en compagnie d’holmésiens français mais aussi étrangers.

Murder2000 : Êtes-vous amateur d’autres héros de la littérature d’enquêtes policières ?

A.B.: J’aime le roman policier en général, mais je dois avouer que je consacre mon temps à Sherlock Holmes uniquement. J’ai beaucoup lu Hercule Poirot, Arsène Lupin, Rouletabille, ou même Maigret. Mais ces personnages sont des fictions. Je préfére étudier la vie et l’oeuvre d’un personnage réél et historique comme Sherlock Holmes, dont on retrouve les traces un peu partout… même en France.

Murder2000 : Vous parlez de Sherlock Holmes comme d’un homme célèbre du passé. A-t-il vraiment existé ?

A.B.: Oui bien sur !! Il existe de nombreuses preuves qui l’attestent. On retrouve d’ailleurs sa trace dans divers registres officiels, notamment au musée de la Légion d’Honneur à Paris. On peut d’ailleurs visiter son appartement au 221b Baker Street, gardé intact en hommage et converti en musée.

Murder2000 : Avez-vous déjà joué une murder-party ?

A.B.: Oui, Une fois. Il s’agissait d’une Murder Party organisée par la SSHF dans un manoir d’un de nos membres.

Murder2000 : Selon vous, quelle méthode d’investigation utilisée par les héros littéraires semble la plus utilisable dans le cadre d’une Murder Party ?

A.B.: La méthode de Sherlock Holmes ne se résume pas en une recette appliquable à toutes énigmes 🙂

On la réduit souvent à Observation / Déduction mais cela ne suffit pas. L’art de l’observation n’est certes pas une question d’intelligence. Il s’agit d’un long entraînement et d’un gros travail de recherche. Holmes “ne voit pas plus que les autres, mais il est entraîné à remarquer ce qu’il voit.” L’observateur amateur regarde, voit mais ne sait pas s’arrêter sur les détails d’importance parce qu’il n’a pas appris à le faire. Holmes sait tout ce qu’il faut savoir sur les tissus, les boutons, les lunettes, les chaussures, les cicatrices, les traces et même certaines parties du corps. Il est d’ailleurs l’auteur de plusieurs monographies : “De la distinction entre les cendres de divers tabacs”, “La Détection des empreintes de pas”, “Les Tatouages”, “Les Différentes formes d’oreilles humaines”, etc.

De même, lorsqu’il est sur les lieux d’un crime Holmes sait oû chercher car il sait ce dont le criminel a eu besoin et ce qu’il a pu laissé derrière lui. “Vous connaissez ma méthode Watson. Je me mets à la place de l’homme, et ayant d’abord évalué l’ampleur de son intelligence, je m’efforce d’imaginer comment j’aurais moi-même agi dans des circonstances analogues.”

Quant à la déduction, elle a longtemps été le terme qui englobait toutes les facultés mentales de Sherlock Holmes. Cette contre-vérité est d’autant plus désagréable que ce terme est incorrectement employé. En effet, Holmes ne déduit pas, il induit. La déduction est un processus d’élimination, de soustraction qui a longtemps été d’un grand secours aux enquêteurs antérieurs au détective.

Mais la déduction est une opération qui part du général pour arriver au particulier. L’induction, elle, va du particulier au général : lorsque Holmes conclut que le propriétaire d’un fiacre est un médecin de médecine générale quand il remarque son panier d’osier contenant divers instruments médicaux, il part effectivement d’un fait particulier pour arriver à une généralité. Jusqu’ici la méthode apparaît plutôt simple et, sinon reproductible, au moins accessible. Mais à ce stade elle ne peut suffire à résoudre les énigmes… La méthode de Sherlock Holmes est plus savante.

Il y a un quelque chose en plus que le commun des mortels ne maîtrise pas : la synthèse logique. La synthèse c’est de la création, la formation de quelque chose de nouveau à partir de divers éléments déjà existants. Une fois que Sherlock Holmes a effectué toutes ses observations et “déductions”, il lui faut trouver le fil qui les relie intégralement. Il lui faut une histoire, une explication. “Aucune combinaison d’événements n’échappe à l’explication humaine. Une sorte d’exercice mental, sans aucune garantie de vérité, m’indique une ligne possible qui correspond aux faits. C’est, je le confesse, un travail de pure imagination ; mais combien de fois l’imagination ne s’est-elle pas révélée mère de la vérité ?”

Et son imagination pouvait le mener très loin : “Sherlock Holmes, quand il avait un problème à résoudre, pouvait demeurer des jours entiers, et même une semaine sans se reposer : il tournait et retournait les faits dans sa tête, les examinait sous tous les angles jusqu’à ce qu’il eût bien approfondi le mystère, à moins qu’il ne trouvât insuffisants ses renseignements “.

Au bout du compte il pouvait avoir jusqu’à “sept explications distinctes ; chacune se rapportant aux faits tels que nous les [connaissions]”. Une seule de ces explications s’avérera être la solution de l’énigme. D’oû sa célèbre maxime qu’il cite aussi comme une règle : “Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela paraisse, doit être la vérité.” On se rend compte alors que jouer les Sherlock Holmes est un peu au dessus de nos moyens 🙂

Murder2000 : Avez-vous apprécié votre expérience de Murder Party ?

A.B.: C’était il y a 10 ans et j’avoue de pas me souvenir des détails. J’avais été mis au courant très peu de temps à l’avance et je ne connaissais pas bien l’intrigue ni le rôle que je devais jouer. Mais l’enquête s’est bien déroulée et le meurtrier a été arrété après une poursuite assez animée 🙂

Murder2000 : Avez-vous tenté de mener l’enquête tel Sherlock Holmes ou vous êtes-vous laissé aller vers la solution tel le lecteur d’un roman ?

A.B.: J’étais moins un joueur qu’un figurant faisant partie de l’intrigue. Donc je n’ai pas tenté de résoudre l’enquête.

Murder2000 : Pour vous, quelles sont les différences qui vous font préférer un roman policier à une Murder Party (ou inversement) ?

A.B.: Je ne pense pas que les deux soient comparables. On peut aimer lire un roman policier au calme, seul. Et d’un autre coté participer à une Murder Party avec un groupe. Les deux sont intéressants et compatibles.

Murder2000 : “Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela paraisse, doit être la vérité.”. Comment faire pour éliminer l’impossible ?

A.B.:Il faut être Sherlock Holmes 🙂

Murder2000 : Peut-on joindre la SSHF ? Quels sont les critères d’admission ?

A.B.: Bien sur. La SSHF est ouverte à tous sans critère d’admission .

Murder2000 : Alexis Barquin, merci.